On ne résout pas un problème en pensant de la même façon que ce qui l’a créé

On ne résout pas un problème en pensant de la même façon que ce qui l’a créé

En premier lieu je souhaite que vos vies et celles de ceux que vous aimez soient épargnées.

Ce billet n’abordera pas les aspects sanitaires ou scientifiques du Coronavirus, je n’ai aucune compétence dans ce domaine.

Mais alors que la moitié de l’humanité se trouve confinée pour une durée que personne ne peut encore estimer, comme beaucoup, je m’interroge sur ce qui se passera le “jour d’après”. Qu’allons-nous faire de cette expérience totalement inédite, planétaire et, malgré tout, anxiogène. Je ne suis pas économiste, ni spécialiste des grandes transformations mondiales mais je crains que de nombreuses sociétés ne vivent des moments très difficiles, voire une fin d’exercice. D’autres, peu nombreuses, trouvent en cette crise, des très substantiels bénéfices. Par exemple, un célèbre site de vente sur le Web ne s’est jamais aussi bien porté qu’en ce moment et son action en bourse ne faiblit pas.

Notre économie n’allait pas très fort avant, elle risque bien de faiblir encore un peu plus après.

Au fait, comment en sommes-nous arrivés là ?

J’aimerais vous raconter une anecdote. Lors du dernier congrès de l’ADF, OD et de très nombreux autres acteurs du monde dentaire, exposaient leur savoir faire, leur technologie et tout ce qu’ils peuvent proposer de compétences. Un après-midi, un visiteur vient à ma rencontre et m’interroge ainsi :

“le visiteur : – excusez-moi, en parlant de vos dalles lumineuses, elles sont bien à 6000°k ?

moi : oui Monsieur

le visiteur : elles consomme bien 27 watts ?

moi : oui Monsieur

Le visiteur : elles mesurent bien 60x60cm ?

moi : oui Monsieur

Le visiteur : alors, pouvez-vous me dire pourquoi vos dalles coûtent 3 fois plus chers que celles que je trouve sur un site de bricolage par correspondance ?

moi : ……..”

Et à ce moment là, les bras m’en sont tombés !

J’ai bien tenté d’expliquer des tas de choses à ce visiteur, je crois qu’il n’a pas été sensible à mes arguments. A dire vrai je n’ai pas trouvé les mots qu’il fallait tant je trouvais ça incroyable !

Pourtant, quelques mois plus tard et avec du recul, voila ce que je pourrais ou devrais lui dire aujourd’hui.

Cher Monsieur, comme mes clients Distributeurs qui vendent à des Dentistes, mon entreprise est française. Cela signifie que, nous tous, d’un bout à l’autre de notre relation, nous investissons dans des formations, des nouvelles technologies, un nouveau savoir. Tous nous conseillons nos clients, nous les accompagnons dans leurs démarches techniques, nous les aidons lors de leur installation. Tous, nous employons des salariés à qui nous fournissons des revenus en contrepartie de leur travail. Tous, nous contribuons, au travers de nos impôts, taxes et charges, aux finances publiques qui, entres autres, payent nos routes, nos écoles, nos services de sécurité et notre système de santé.

Notre système de santé ?

Et oui, dans nos impôts, il y a aussi notre système de soins que le monde entier nous envie ! Bien géré ou mal géré, je ne suis pas capable de répondre à cette question. Mais ce dont je suis convaincu, c’est que la France est capable de prouesses que beaucoup de pays voisins aimeraient réaliser. Ce que je sais, c’est que si demain je suis malade, on ne me demandera pas d’abord mon code de carte bancaire. Mais ce que je sais surtout, c’est que le système de soin français, il est là ! Il est à ma proximité, il prends soin de moi, il me conseille, me prescrit, me fournit les meilleurs médicaments, ceux qui ont reçu tous les tests, les agréments, les autorisations, etc. En avalant un comprimé qui vient de la pharmacie, je sais que le Pharmacien engage sa responsabilité, qu’il m’arrêtera s’il a un doute. Lorsque je vais chez mon dentiste, il va, grâce a une technologie incroyable, faire des radios en 3 dimensions, réaliser une empreinte numérique, l’envoyer à son laboratoire qui va refabriquer un modèle avec une imprimante en 3 dimensions, qu’il va me proposer un moyen de conserver mes dents saines et si j’en ai besoin, il ajoutera à mon corps un élément incroyable, un implant ! Une technologie fantastique, éprouvée et qui a demandé et demande encore de la recherche, des innovations. Grâce à son équipe, je sais que ses instruments seront stériles, grâce à son matériel je sais que je serai en sécurité. Et il en sera de même chez le chirurgien qui devra opérer mon genou ou mon épaule, chez l’ophtalmo qui va vérifier ma vue et me prescrire les bonnes corrections de verres de lunettes, etc, etc.

Mais Monsieur, ce dont je suis encore plus certain, c’est qu’en échange d’un billet d’avion réservé sur internet auprès d’une compagnie low cost basée en Irlande, je peux me rendre dans un pays lointain, hors d’Europe, j’y recevrai des soins qui peuvent, parfois, être d’aussi bonne qualité ou du moins apparemment, après tout, un implant ce n’est qu’une vis toute semblable à une autre ! Je pourrai dormir dans un hôtel et manger dans des restaurants qui ne versent aucun impôt chez moi ni TVA chez eux, je pourrai m’acheter des vêtements de marque, plus ou moins vrais et qui échappent à tout contrôle concernant leur fabrication et la main d’œuvre qui y est employée, et si jamais je tombais gravement malade, si je contractais une septicémie, et bien je pourrais demander un rapatriement et me faire soigner dans les meilleurs hôpitaux français, après tout, j’y ai droit ! Et puis, la solidarité c’est ça non ? Tout le monde paye… sauf moi !

Monsieur, je pourrais faire une longue liste de cette petite mauvaise foi qui nous permet de nous rassurer sur notre démarche.

Mais Monsieur, ce dont je veux vous faire part surtout, c’est que le prix de mes produits, il inclut les achats de matières qui sont, pour OD, exclusivement en France et en Europe, il comprend les salaires de mes collaborateurs et de tous ceux qui participent à la construction ou au transport, les investissements que nous faisons pour exposer notre savoir faire lors de congrès où vous viendrez vous former à une meilleure pratique dont nous tous pourrons bénéficier, une petite réserve appelée “Recherche et développement”, pour que nos produits de demain soient moins consommateurs d’énergie, moins polluants, que nos emballages plastiques soient petit à petit remplacés par des emballages papier, recyclés et renouvelables, il comprend aussi des impôts et taxes qu’il nous faut régler pour que nous participions à la sécurité, la santé, l’éducation, etc, ce prix il comprend aussi mon revenu, avec lequel je vais consommer, me soigner, investir dans de nouvelles entreprises…

Mais Monsieur, en prenant le problème dans l’autre sens, en décidant d’investir dans des produits dont vous ne connaissez pas l’origine (moi oui), outre le fait que vous allez rapidement vérifier leur piètre qualité, qu’il vous faudra vous adapter à eux au lieu de l’inverse, que vous ne disposerez d’aucune certification concernant votre sécurité et celle des personnes qui vous entourent, pas plus que celle de ceux qui ont produit votre nouvel achat, qu’investir dans des produits certifiés, fabriqué en France ou au pire en Europe aurait modifié votre dotation aux amortissement d’environ 300€ ( 4 dalles 60×60 au prix moyen de 300€ pièce. amortissement sur 4 ans) soit 0,1 pour 100 du chiffre d’affaires moyen des cabinets dentaires français en 2019 ou 0,2 pour 100 de votre résultat net (Source : Observatoire Fiducial des Chirurgiens dentistes 2019). Et je ne vous ai pas encore parlé des qualités de nos produits, de leur parfaite innocuité pour la peau et les yeux, du fait que la société qui fabrique nos dalles était d’abord en Chine et puis est revenue “plein d’usage et raison”, pour produire en France ! oui en France !

Alors Monsieur, je ne tiens pas à vous rendre directement responsable de l’état de notre économie. Je ne le suis pas totalement non plus MAIS si, individuellement, comme collectivement, nous ne changeons pas cette mauvaise habitude de croire que tout est identique et que tout se vaut en apparence, si vous et nous continuons à toujours vouloir payer le prix le moins élevé sans réfléchir et voir ce qui se cache derrière, si nous n’acceptons pas de payer notre contribution à la société, alors, nous ne pourrons pas nous plaindre que nos fabricants meurent, que nos techniciens ne viennent plus dépanner, que notre hôpital ne soit pas en mesure de nous soigner, que nos routes ressemblent a des champs de bataille, que les français aillent se faire soigner ailleurs, que les prothésistes ferment leur labos parce que tout, ou trop, est maintenant fabriqué en Asie.

Monsieur, en consacrant 0,2 pour 100 de votre revenu en achetant vos éclairages auprès de OD au lieu de 0,06 en achetant sur un site de bricolage, vous allez contribuer à faire vivre et fonctionner des sociétés françaises ou européennes, celles qui, comme vous aujourd’hui, s’interrogent sur leur avenir, cherchent de l’aide pour continuer à produire, innover.

Monsieur, vous et moi, et nous tous, avons la responsabilité de notre avenir et à l’issue de cette terrible crise, il nous faudra nous comporter autrement sans quoi, en plus de la peine que ce moment aura causé, il nous faudra surmonter une catastrophe économique que nous avons initiée en faisant preuve, parfois d’une petite mauvaise foi individuelle et collective.

Christophe OUDIN